Piste cyclable : une certaine vigilance s’impose !
Comment utiliser l’argent du département dédié aux pistes cyclables pour « sécuriser » une route accidentogène : une certaine vigilance s’impose !
Le 11 juillet dernier, une réunion publique portant sur la « sécurisation de la RD27 et des pistes cyclables » s’est tenue à la Bouëxière. Plus de cent personnes étaient présentes, dont des membres de CoLERE, certains craignant notamment que le projet de contournement de Liffré, joignant l’autoroute A84 à la Bouëxière, officiellement abandonné depuis les dernières élections départementales, soit ressuscité à cette occasion.
Ce fut la première question à laquelle les élus s’empressèrent de répondre par la négative. D’après eux, dans ce projet, il ne s’agira que de bâtir une piste cyclable joignant Liffré à La Bouëxière, plus large, plus sûre et, au passage, de profiter des crédits disponibles pour « sécuriser » la RD27 en six endroits bien identifiés, car « accidentogènes ». La totalité des coûts de l’opération sera prise en charge par le département.
Si plusieurs tracés de pistes cyclables furent brièvement évoqués, c’est néanmoins de la RD27 dont il fut principalement question dans la présentation et lors de la soirée. Trois options d’aménagement sont envisagées pour chacun d’eux, aménagements dont le choix reste à déterminer : une option minimale, une option intermédiaire et une option optimale pour « sécuriser » cette route. Ce besoin se fonde sur l’observation que les usagers y roulent trop vite (comprendre au-dessus des limites autorisées) et « les protéger » implique de leur permettre de faire ces dépassements de vitesse en toute sécurité, c’est à dire élargir la route ou en réduire les courbes, tout en l’éloignant du tracé de la piste cyclable (pour sécuriser aussi cette dernière).
A la question de savoir si la route communale du Boulais réglementée en vitesse et tonnage sur toute sa longueur et incapable d’accueillir des camions, serait reclassée au terme de sa « sécurisation » en route départementale limitée à 80 km/h pouvant accueillir un transit routier, aucune réponse claire n’a pu être obtenue.
A la question de savoir s’il serait possible d’avoir accès aux études environnementales qui ont conditionné les choix des diverses options et tracés proposés, il a été répondu que celles-ci seraient rendues accessibles aux habitants lors de l’enquête publique visant à valider les tracés retenus, au terme des études, en 2025, c’est-à-dire bien après les tables rondes et réunions de concertation publiques à venir.
A la question du coût des diverses options laissées au choix des décideurs,1 il apparaît que leurs coûts respectifs diffèrent fortement et qu’il faudra donc faire des arbitrages entre elles pour rester dans l’enveloppe globale disponible, tout en réservant de plus des crédits pour l’aménagement de la piste cyclable dont le tracé sera possiblement indépendant. Cet aspect crucial des arbitrages à venir pour déterminer les aménagements de la RD27, bien que connu, n’a pas été discuté plus avant.
La réunion s’est conclue sur un satisfecit des organisateurs concernant la bonne tenue des débats et sur l’affirmation, par les élus présents, de leur volonté de dialogue et de démocratie.
Pour CoLERE qui a éprouvé dans les faits « l’approche démocratique » des élus de LCC, ces annonces rappellent funestement celles que les mêmes ont fait au terme de la réunion de la commission du débat publique (CNDP) à propos des diverses options concernant la modification du plan local d’urbanisme (PLU) de Liffré et du projet Bridor entraînant mise en compatibilité de celui-ci en 2019. Au final, aucune des options alternatives à l’installation de Bridor à Liffré n’avait été discutée et encore moins retenue.
Pour conclure, si nous trouvons que l’aménagement d’une piste cyclable en site propre entre la Bouëxière et Liffré est une excellente idée, force est de constater que toutes les garanties ne sont pas acquises à ce stade concernant la (re)qualification de la future RD27 après « sécurisation », ni de ses capacités routières futures. Bien qu’il ne s’agisse clairement pas d’une autostrade à quatre voies, le spectre d’un itinéraire de délestage à partir de la Bouëxière, permettant d’éviter Liffré-centre et concurrentiel avec la route actuelle (RD528), persiste. Sans vouloir faire un procès d’intention aux élus en charge de ce dossier, nous ne pouvons qu’inviter les habitants inquiets d’une telle évolution de la RD27 à participer activement aux futures tables rondes et réunions de concertation prévues, afin de faire valoir leur point de vue.2
1 Contrairement à ce que laisse entendre l’article d’Ouest France intitulé « Une réunion publique sur la sécurisation et les pistes cyclables s’est tenue à La Bouëxière » (14/07/23) à propos de CoLERE, le coût global du projet ne nous a pas préoccupés plus que cela, c’est plutôt les coûts relatifs des diverses options proposées qui nous ont préoccupés, car étant donné que l’enveloppe globale pour le projet est fixe, ceux-ci vont conditionner les divers arbitrages concernant les choix pour le projet final.
2 Dates et horaires des prochains ateliers prévus par le CG35 : le 2 et 3 octobre à Liffré, à 14h et 18 h respectivement (lieu à définir) ; le 5 octobre à La Bouëxière à 18 h (lieu à définir). Un atelier spécifique aux aspects ayant trait l’agriculture a également été annoncé mais non encore défini. La réunion de restitution des contributions est prévue le 9 novembre à 19 h (lieu en attente de confirmation).