Conclusions sur le retrait de Bridor à Liffré
Conclusions de CoLERE sur le retrait du projet Bridor-Liffré par Louis Le Duff et bilan de la manifestation du 10 juin 2023
Ce retrait est incontestablement un grand moment pour CoLERE, mais c’est avant tout une victoire collective. Il convient donc de remercier d’abord l’ensemble des partenaires qui ont œuvré à nos côtés pour s’opposer à ce projet écocide. Rappelons que l’abandon du projet sauve non seulement les 21ha de terres agricoles, mais aussi 221ha de pollutions certaines dans Liffré : épandages des eaux usées et d’un flux quotidien impressionnant de camions (~160 semi remorques et 500 VL). C’est grâce à eux (notamment les associations et les partis) que nous avons pu porter au niveau national les enjeux de notre lutte, laquelle a pu ainsi devenir populaire de par son caractère particulièrement emblématique, caractère sur lequel nous reviendrons plus loin. Il convient aussi de rendre hommage ici aux membres fondateurs de CoLERE (ils se seront reconnus), mais également à tous ceux qui se sont mobilisés pour informer la population locale des enjeux (porte-à-porte) ces derniers mois. Enfin, on peut encore avoir une pensée pour celui qui a eu le courage de nous rejoindre en mettant fin à son mandat électoral, car une telle force de conviction est remarquable chez un élu et mérite d’être saluée, voire chaleureusement remercier le président de La nature en ville, dont l’association nous a indéfectiblement soutenu dans notre combat. Passons maintenant à une analyse plus approfondie de cet évènement, car plusieurs conclusions s’imposent à nous…
La première, c’est, qu’à rebours de tout ce qu’il pourrait sembler en écoutant les médias, nous avons probablement fait gagner de l’argent à Monsieur LE DUFF ! En effet, il ne faut pas être un bien grand clerc pour se rendre compte que ce projet n’était commercialement pas viable sur le long terme dans le contexte actuel, avec l’inflation grandissante sur les denrées et les carburants résultant de la guerre en Ukraine, ni même à l’avenir, avec les pénuries sur l’eau qui semblent se confirmer avec plus de force pour la prochaine décennie… Même si nous avons privé nos concitoyens de cinq cents hypothétiques emplois, nous les avons fort certainement aussi sauvés d’une friche industrielle sur Sévailles-2, d’ici dix ans, avec des dégâts collatéraux irréparables sur le réseau aquifère local. Contrairement aux élus en faveur du projet, Monsieur Le Duff n’a pas été bien long à s’en rendre compte, car il n’a même pas daigné aller au bout des procès en cours…
La seconde, c’est l’inanité de leurs attaques concernant notre supposée radicalité, voire de notre non-représentativité, reprise en boucle par certains médias. Ces critiques n’auraient pas lieu d’être si les élus avaient accédé à notre demande de référendum concernant le projet, dès que nous l’avions proposée(septembre 2021). Que craignaient-ils donc, ces élus, s’ils étaient réellement convaincus d’avoir raison ? Heureusement, depuis le passage en force de la réforme des retraites contre l’avis majoritaire de la population, il n’est plus nécessaire de convaincre les gens, que, désormais, les intérêts que défendent certains de nos hommes politiques peuvent-être divergents de ceux que souhaite le plus grand nombre d’entre nous et qu’un minimum de vigilance à leur égard s’impose en retour…
La troisième, c’est la vacuité de l’argument consistant à dire que ce projet aurait permis de relocaliser l’industrie, notion que nous revendiquons aussi lorsqu’elle prend du sens, c’est-à-dire quand, soit la matière première, soit les denrées ou les produits finis, voire même des savoir-faire essentiels, se retrouvent au plus près des consommateurs, économisant ainsi des frais de logistique ou perpétuant la connaissance. Cependant, dans le cas de Bridor-Liffré, cet argument est complètement fallacieux, car la totalité de la production se destinait à l’export (hors continent) alors que les intrants étaient tous non régionaux. Quant au « savoir-faire » éventuellement perdu, nous espérons bien que nos artisans boulangers sauront encore faire des petits pains demain, même si Bridor n’est plus là !
Au final, il faut rappeler que ce projet Bridor-Liffré était particulièrement emblématique pour plusieurs autres conflits locaux centrés autour de l’industrialisation de zones naturelles à travers la France, dans le sens où il illustrait parfaitement, et de manière très caricaturale, la confrontation entre les intérêts de la population locale et ceux du lobby agroalimentaire, lesquels sont absolument contradictoires avec les mesures à prendre pour préparer le futur dans le cadre du réchauffement climatique annoncé… C’est d’ailleurs aussi ce que dénonce le tout récent livre intitulé « Silence dans les champs » de N. Legendre ou le film à venir « Les algues vertes » de Pierre Jolivet, inspiré de la bande dessinée à succès éponyme d’Inès Léraux. A travers ces témoignages poignants, il apparaît de plus en plus clairement que, pour le bien de tous, il va, tôt ou tard, falloir sérieusement réformer les pratiques productivistes du lobby agro-alimentaire breton. Peut-être est-ce aussi dans cette conjoncture particulière qu’il faut analyser le retrait de ce projet ?
Voilà, entre-autres, quelques propos que nous avons tenus le 10 juin dernier à Liffré en préambule de la manifestation visant à célébrer le retrait du projet. Autant ce retrait, annoncé la semaine précédant notre manifestation, que le mauvais temps prévu à Liffré par la météo, ont possiblement démobilisé une partie des opposants au projet parmi ceux qui comptaient initialement venir, d’autant plus que d’autres luttes en cours appelaient à des mobilisations ailleurs sur le territoire. Malgré tout, nous étions quand même deux cents à défiler dans les rues de Liffré et un peu moins l’après-midi pour participer aux deux tables rondes organisées à Sévailles-2. Nous tenons donc à remercier chaleureusement l’ensemble de ces participants, mais aussi tous les intervenants de la journée et, plus largement, tous ceux qui ont directement ou indirectement contribué à cette victoire. Comme le rappelait notre porte-parole à l’issue de son allocution, le changement de société pour préparer le réchauffement climatique ne se fera pas spontanément par voie politique, tant les intérêts financiers en jeu sont grands. D’autres mobilisations populaires d’ampleur autour de luttes locales seront encore nécessaires si nous voulons laisser un futur vivable à nos enfants, aussi nous espérons que vous avez toujours la pêche et vous donnons rendez-vous prochainement à l’une d’entre elles.
bonjour,
bravo et merci.
Liffréen depuis 2002 j’avais lancé une pétition contre ce projet des que j’en avais entendu parler et, je crois, que mon action a permis d’initier le combat mené par le collectif.. comme personnellement je ne pouvais faire plus, je suis reconnaissant a ce collectif d’avoir pris le problème par les cornes et d’avoir calmé les ardeurs de l’ogre de brioche dorée, Mais ne nous y trompons pas l’équipe municipale en place est à la solde de L. Chesnais-Girard, qui lui même est un pantin de Le Drian, copain des gouvernant nationaux.
Les attaques contre le désir de vivre dans une commune en harmonie avec ce qui reste de nature (eh oui on a quand même l’A 84 qui rempli nos poumons de particules fines), ces attaques donc , ne vont pas cesser. il y a encore trop de bien pensance de la ‘croissance infinie’, ce mensonge qui permet la spoliation du grand nombre par les quelques privilégiés possédant..
La lutte n’est pas finie, elle ne fait que commencer et l’autre camp est suffisamment radicalisé pour aller jusqu’à l’écocide total.
restons mobilisés
Bonjour,
Je viens aux nouvelles: et maintenant on fait quoi ?
La victoire contre Le Duff est certes savoureuse, mais je m’inquiète de ce que va devenir le terrain de Sévailles, notre maire ayant rapidement renchérit que d’autres projets de « ré-industrialisation » verraient le jour. Pas sûre qu’ils soient plus réjouissants.
Comment manœuvrer, influer pour que tout ne soit pas à nouveau mis en danger ?
Dans le secteur de Redon, une association rachète les parcelles de terrain pour préserver les marais et préserver les milieux humides. Ne devrions nous pas nous rassembler pour tenter un projet similaire ? Y favoriser une agriculture paysanne respectueuse ?
A bientôt
Bonjour,
En effet, le terrain est toujours menacé : le PLU est toujours au tribunal de Nantes, en appel. Les élus maintiennent le souhait d’en faire une zone économique.
Le projet de rachat de terrain est une superbe idée, je trouve. Mais c’est trop tard pour Sévailles : tous les terrains jusqu’à la forêt appartiennent déjà à Liffré-Cormier.
[…] 5 Voir sur notre site internet : « Conclusions de CoLERE sur le retrait du projet Bridor-Liffré par Louis Le Duff et bilan de la manifestation du 10 juin 2023 » (https://colere-liffrecormier.org/2023/07/19/conclusion-retrait-bridor-liffre/). […]
Bonjour,
ayant lu avec attention l’ensemble des arguments et commentaires de votre comité, je constate que, ce vous dénoncez chez vos détracteurs à savoir une analyse biaisée, partisane et empreinte d’une certaine mauvaise foi, transpire également de votre démarche.
En effet, certes, elle semble de prime abord louable, mais l’examen des arguments avancés ne peut que la décrédibiliser.
Vous vous érigez en défenseur de l’intérêt collectif en termes d’environnement alors que votre démarche ne défend que des intérêts particuliers et locaux.
Je ne peux que rire en lisant que d’une part vous considérez que le projet d’usine est non viable économiquement et serait source de pertes et d’autre part qu’il conviendrait d’augmenter les prix pour baisser la demande et ne plus être en dans l’obligation de développer des capacités de production en réponse aux besoins selon vous sources d’effet dévastateur sur l’environnement (quelques haies supprimées, quelques chênes centenaires, transformation de terres agricoles…).
En premier lieu, il m’est permis de penser que vous semblez vous affubler du rôle de chef d’entreprise performant et mieux à même que le groupe DUFF lui-même d’analyser la rentabilité financière du projet.
En deuxième lieu, je songe aux français qui pourraient vous remercier si votre volonté de décroissance par l’augmentation des prix était mise en œuvre par tous les acteurs économiques à travers le monde.
La forte inflation actuelle générée par le contexte international serait finalement générée par les idées lumineuses d’un petit comité local breton.
Bref, votre démarche partisane et politisée exacerbe malheureusement le développement de l’agressivité et de la mauvaise foi qui empoisonnent actuellement le débat intellectuel français et empêche de réels échanges constructifs et objectifs
Pout tout cela et au nom de l’intérêt général, je ne vous dis pas merci.
Bonjour,
Si lutter contre l’envoi réfrigéré de 650 T de viennoiseries congelées par jour dans d’autres continents ainsi que la captation (sans contrepartie collective valable) de 200 000 m3 d’eau par an dans une région ou l’eau va devenir de plus en plus précieuse vous semble relever de notre seul intérêt particulier et pas d’une lutte idéologique pour préserver le climat et les ressources naturelles, libre à vous de penser cela, mais ce constat ne semble pas avoir été partagé par des observateurs plus perspicaces. Ainsi (et heureusement pour nous), beaucoup d’associations environnementales (non locales) se sont reconnues dans ce combat et s’y sont associées. Sans doute étaient-elles aussi dans l’erreur?
Par ailleurs, il ne nous semble pas que nous ayons jamais envisagé de relever les prix d’une marchandise aussi in-essentielle que les viennoiseries pour en limiter la circulation au niveau mondial. En revanche, si c’est à cela que vous faites référence, nous ayons probablement affirmé que s’il fallait à tout prix manger de la brioche, autant mobiliser les artisans locaux et leurs savoir faire traditionnels, quitte à la payer un peu plus cher. Manger local (et plus sain) à un coût ; celui de payer le juste prix une certaine qualité ainsi que de défendre un modèle social ou l’artisanat est raisonnablement préservé. Cela ne nous rend pas responsables de la hausse des prix alimentaires de 2023 qui est plutôt le fait de la grande distribution (et des marques) qui profitent de la confusion amenée par la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine pour augmenter leurs marges.
Quand à vos conjectures sur la possibilité d’échanges constructifs avec les actionnaires ou le patronat, au sein d’une système capitalistique mondialisé comme le notre, nous vous en laissons le soin de les expérimenter vous même à l’occasion. Pour notre part, nous pensons que dans ce contexte, seul le rapport de force peut (et pourra) faire triompher l’intérêt général face à la cupidité de certains. Toute lutte en ce sens est donc forcément politisée, ne vous en déplaise. A cet égard, nous sommes désolés de devoir vous décevoir, mais nous n’avons aucune mauvaise conscience à propos de nos analyses, car s’il fallait « refaire le match », nous produirions exactement les mêmes, d’autant plus qu’elles se sont révélées performantes – ça au moins, vous en conviendrez!
Sur ce, nous vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année, ainsi qu’à tous les lecteurs occasionnels de notre blog.
Un message anonyme, rend par principe ses arguments douteux. Cela d’autant plus que vous ne connaissez pas le contexte local et ses incidences au regard d’un projet Bridor irréaliste et dangereux par son gigantisme et son manque d’intérêt général par son type de production alimentaire secondaire, son mode commercial gaz à effet de serre +++.
Sa captation d’une matière première locale, quasiment la seule qui intéressait Le Duff, se la faire attribuer d’urgence était son seul souci, car il la sait en voie de diminution : c’est l’eau brute douce en Ille et Vilaine.
22 hectares de terrains naturels ou agricoles, tête de 2 bassins versants, c’est le moindre de ses soucis .
Mail il a oublié que répartir cette eau devient vitale dans un territoire qui veut tout : population, activités économiques.
La décroissance n’a rien à voir ici, la seule chose vitale est de bien définir l’intérêt général qui va servir de base à se partager l’eau douce brute tout en maintenant un vie économique et une population raisonnable .
Vous allez me dire pourquoi les maires ont tous soutenu ce projet Bridor, qui êtes vous au regard de ces gens élus ? Peu de choses sans doute, mais je sais une chose, que je travaille depuis 30 ans, la capacité irresponsable des dirigeants de notre secteur, Est Breton, à ne pas protéger notre capital d’eau douce et la penser inépuisable grâce à la technologie. Au point que les élus, pendant 1 siècle, ont considéré le paramètre de quantité de l’eau douce en Ille et Vilaine comme totalement secondaire pour aménager le territoire .
Enfin au regard de l’emploi spécifique à ce genre d’industrie Bridor, il n’y plus la ressource humaine suffisante pour la fidéliser et encore moins des logements pour les accueillir au regard des salaires servis. La voiture est indispensable et les transports en communs pas cohérents avec ce type d’usine à 3 fois 8heures de travail par jour.
Aujourd’hui l’intérêt général a changé et celui du Climat a fait un immense bond dans la nécessité d’être pris comme une nécessité absolue. Bridor- Leduff est une image du 20ème siècle économique, c’est sa grande faiblesse et ce chef d’entreprise a vite compris qu’il ne pourrait pas s’installer à Liffré et ce malgré la proximité de l’autoroute et tout ce que les élus ont promis pour le voir s’installer à Liffré.